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Les activités industrielles génèrent de nombreux polluants chimiques, biologiques et physiques. Invisibles ou discrets, ces polluants s’accumulent dans l’air des ateliers et exposent les opérateurs à des risques parfois sous-estimés. Dans le monde du travail, la majorité des polluants rencontrés sont dits primaires (issus directement des procédés), mais certains secondaires (formation par réaction chimique) comme l’ozone apparaissent aussi dans les bureaux et ateliers. Certaines sources polluantes peuvent provenir de l’environnement extérieur (des sols ou des activités extérieures alentour) mais aussi de l’intérieur lui-même, par les occupants et leurs activités. Les connaître, les identifier et les prévenir est ainsi indispensable pour la santé de vos salariés et la qualité de vie au travail.
Les types de polluants dans l’air intérieur au travail
Les polluants que l’on peut retrouver dans l’air des espaces de travail peuvent être classés en 4 catégories différentes :
- Les polluants chimiques,
- Les polluants biologiques,
- Les polluants physiques,
- Les polluants liés au confort (qualité perçue de l’air).
Polluants chimiques
Les polluants chimiques regroupent l’ensemble des substances qui se diffusent dans l’air sous forme de gaz, de vapeurs, de poussières ou d’aérosols, y compris celles contenant des métaux lourds. Ils peuvent provenir des procédés industriels, des machines ou des produits utilisés sur le lieu de travail.
Gaz et vapeurs
Dans l’air des environnements de travail, on retrouve aussi bien les gaz et vapeurs près des machines des ateliers que dans les bureaux.
Lorsqu’il est question de risques liés au gaz, le premier incriminé est généralement le monoxyde de carbone. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres par les risques d’intoxication au monoxyde de carbone. Dans les papeteries par exemple, le risque peut provenir des systèmes de combustion utilisés pour sécher le papier. En 2016, une usine de fabrication d’articles en papier à usage sanitaire à Val-au-Perche (Orne) a connu un incident lorsque du gaz mal brûlé s’est dispersé dans l’atelier suite à un défaut de combustion sur un brûleur alimentant un cylindre sécheur. Dans les fonderies, le monoxyde de carbone provient principalement des fours de fusion utilisés pour liquéfier les métaux avant leur mise en moule. L’industrie alimentaire n’est pas non plus épargnée. Les unités de cuisson ou de fumage, qui utilisent des brûleurs au gaz, peuvent libérer du CO si la combustion est mal réglée. De plus, certains entrepôts frigorifiques ou ateliers logistiques ont recours à des chariots élévateurs à moteur thermique, qui dégagent du monoxyde de carbone lorsqu’ils fonctionnent en intérieur ou dans des zones mal ventilées. On peut aussi mentionner un risque accru pour les cimenteries, l’incinération des ordures, l’industrie pétrolière ou encore les industries liées à l’automobile et aux moteurs à explosion (garages, parking etc.).
Si le monoxyde de carbone concentre l’attention en raison de sa fréquence et de sa dangerosité, il n’est pas le seul gaz préoccupant dans les environnements de travail. Par exemple, l’ozone (O₃) se rencontre dans certains bureaux (ou dans les imprimeries) à cause des photocopieurs et imprimantes laser. Il est aussi utilisé volontairement comme agent de désinfection pour traiter l’air ou les surfaces contre les micro-organismes et parasites. Le dioxyde d’azote (NO₂) de son côté est surtout émis par les moteurs thermiques (diesel et essence). On le retrouve dans les parkings souterrains, les entrepôts logistiques équipés de chariots élévateurs ou encore sur les chantiers souterrains où circulent de nombreux engins, mais aussi dans l’agroalimentaire, les blanchisseries ou les chaufferies. Parmi les gaz polluants, on peut également retrouver le dioxyde de soufre (SO₂), qui provient de la combustion de combustibles fossiles soufrés (charbon, fioul lourd, certains gaz). On le retrouve surtout dans les industries énergivores qui utilisent ces sources d’énergie (cimenterie, raffinerie, fonderie métallurgique). De leur côté, les COV (composés organiques volatils) regroupent une large famille de substances (benzène, toluène, xylènes, acétone, éthers de glycol…) libérées par les solvants, peintures, colles, encres ou produits de nettoyage. On en retrouve aussi bien dans les ateliers de production que dans les espaces tertiaires via le mobilier, les revêtements ou les produits d’entretien. Le formaldéhyde, qui fait partie des COV, est par exemple émis par les panneaux de bois aggloméré, certaines résines, textiles et colles. On le retrouve dans l’ameublement des bureaux, mais aussi dans les ateliers où sont manipulés des panneaux de particules. Certains laboratoires l’utilisent aussi comme conservateur.
Un besoin en traitement de l’air industriel ?
Poussières et particules
Les poussières et particules désignent l’ensemble des matières solides en suspension dans l’air. Leur taille varie de quelques nanomètres à plusieurs dizaines de micromètres. Elles proviennent de nombreux procédés industriels et concernent aussi bien les ateliers de transformation que certains environnements tertiaires. Les plus courantes sont :
- Poussières organiques : issues du bois (sciage, ponçage en menuiserie), du textile (tissage, découpe), ou encore de l’agroalimentaire (manipulation de farine, stockage de grains dans les silos).
- Poussières minérales : quartz, silice, ciment, libérées par le perçage, le broyage ou le concassage dans le BTP, les carrières ou les cimenteries.
- Poussières et fumées métalliques : générées par le meulage, le soudage, la fonderie ou la découpe thermique dans la métallurgie et les ateliers mécaniques.
- Fibres et particules spécifiques : fibres minérales artificielles (laine de verre, laine de roche) utilisées en isolation, ou encore poussières d’amiante lors d’interventions sur bâtiments anciens.
- Particules fines (PM₁₀, PM₂.₅) : issues de la combustion dans les moteurs, incinérateurs ou certaines machines industrielles, capables de rester longtemps en suspension dans l’air. Elles sont particulièrement présentes dans l’aéronautique, lors de l’usinage et du ponçage de composites, ou via les gaz d’échappement des turbines.
Métaux lourds
Les métaux lourds peuvent être inhalés lorsqu’ils sont émis dans l’air sous forme de fumées, poussières ou aérosols métalliques. On les retrouve dans plusieurs secteurs industriels où les procédés de chauffage, de fusion ou de traitement de surface libèrent ces particules. Peuvent ainsi être présents dans l’air :
- Plomb : Présent dans le recyclage des batteries, certaines opérations de soudure et les chantiers de rénovation de bâtiments anciens (peintures au plomb, tuyauteries).
- Mercure : Libéré par la casse de lampes fluorescentes, la fabrication ou le recyclage d’équipements électriques, et encore dans certaines industries chimiques.
- Cadmium, nickel, chrome : Dégagés lors du soudage, de la métallurgie des alliages spéciaux ou des opérations de traitement de surface (chromage, galvanisation).
- Arsenic : Émis lors de la combustion de minerais ou de certains charbons dans les fonderies et industries extractives.
Polluants biologiques
Les polluants biologiques regroupent les micro-organismes et les matières d’origine vivante présents dans l’air intérieur. Invisibles à l’œil nu, ils peuvent provenir de l’humidité, de la ventilation défectueuse, des activités humaines ou encore de certains procédés industriels. On peut retrouver :
- Moisissures et spores fongiques : Ils se développent dans les locaux humides, les gaines de ventilation mal entretenues, les archives ou entrepôts alimentaires.
- Bactéries : Comme la Legionella, qui prolifère dans les tours aéroréfrigérantes et systèmes de climatisation ou encore dans certaines industries agroalimentaires où l’humidité favorise leur croissance.
- Virus : Ils sont présents dans les espaces collectifs fermés (open spaces, hôpitaux, établissements scolaires) et circulent plus facilement lorsque l’air est confiné.
- Allergènes : Cela concerne les acariens dans les moquettes et tissus, les pollens introduits par l’aération ou encore les poils ou squames animales dans certains environnements spécifiques (laboratoires, cliniques vétérinaires).
Autres polluants physiques
On parle de pollution physique pour désigner les poussières et particules si petites qu’elles restent en suspension dans l’air et peuvent être inhalées. Si elles étaient plus grosses, elles se déposeraient simplement au sol et ne pourraient pas se retrouver dans le système respiratoire. Mais à cette échelle microscopique, elles deviennent respirables et s’accumulent facilement dans l’environnement de travail.
- Radon : Ce gaz radioactif naturel peut s’infiltrer dans les sous-sols et s’accumuler dans les bâtiments situés en zones granitiques ou volcaniques.
- Particules ultrafines : Ces nanoparticules peuvent être issues de frottements mécaniques, usure de pièces ou émissions des imprimantes/photocopieurs.
- Brouillards et fumées : Les brouillards d’huile dans les ateliers d’usinage, les fumées de soudage ou les brouillards aqueux produits lors de lavages industriels peuvent saturer l’air et en déprécier sa qualité.
Ces polluants concernent aussi bien les ateliers de production que les bureaux, et leur présence est souvent liée à l’état des installations, à l’aération et aux procédés de travail utilisés.
Pollutions liées au confort (qualité perçue de l’air)
Toutes les pollutions de l’air ne sont pas forcément toxiques, mais certaines altèrent le confort et influencent directement la perception de la qualité de l’air par les opérateurs. On parle alors de nuisances. Elles jouent un rôle important dans le bien-être et la performance au travail. On peut notamment évoquer :
- Odeurs : Les mauvaises odeurs ajoutent une réelle pénibilité au travail en rendant l’atmosphère désagréable et parfois difficile à supporter sur la durée. Dans les imprimeries, elles proviennent des encres et solvants utilisés quotidiennement. Dans la restauration collective, ce sont les graisses et cuissons qui s’imposent dans l’atmosphère des cuisines et réfectoires.
- Humidité et sécheresse de l’air : Le niveau d’humidité conditionne le confort et la qualité de l’air respiré. Dans les blanchisseries industrielles, l’excès d’humidité lié au lavage et au séchage sature l’air ambiant et favorise la condensation. À l’inverse, dans les bureaux climatisés, l’air est souvent trop sec, ce qui provoque une gêne respiratoire et oculaire.
- Température et courants d’air : La régulation thermique et la circulation de l’air jouent un rôle essentiel dans le confort des salariés. Dans les fonderies, la chaleur rayonnante des fours rend l’atmosphère difficile à supporter malgré les systèmes de ventilation. Les entrepôts frigorifiques, eux, imposent aux opérateurs des courants d’air froid permanents lors de l’ouverture des chambres froides. Même dans les bureaux, un défaut de ventilation peut provoquer des variations de température entre pièces ou zones, entraînant un inconfort marqué pour les employés.
Ces paramètres sont souvent considérés comme des « pollutions de confort », mais ils conditionnent fortement la qualité de vie au travail et la satisfaction des salariés.
Normes d’exposition en milieu professionnel (VLEP)
Vous pourrez retrouver la valeur limite d’exposition professionnelle aux principales substances chimiques mentionnées dans cet article selon l’INRS.
Polluant | VLEP sur 8h* | VLEP court terme** | Année de mise à jour de la VLEP |
Monoxyde de carbone | 20ppm | 100ppm | avril 2024 |
Ozone | 0,1ppm | 0,2ppm | septembre 2022 |
Dioxyde d’azote | 0,1pmm | 1ppm | septembre 2022 |
Dioxyde de soufre | 0,5ppm | 1ppm | septembre 2022 |
Formaldéhyde | 0,3ppm | 0,6ppm | novembre 2023 |
Benzène | 0,5ppm | x | avril 2024 |
Toluène | 20ppm | 100ppm | avril 2024 |
Xylène, isomères mixtes, purs | 50ppm | 100ppm | septembre 2022 |
Acétone | 500ppm | 1000ppm | septembre 2022 |
Ethers de glycol | 1-50ppm (selon la substance) | x-100ppm (selon la substance) | x |
Arsenic | 0,01(mg/m3) | x | novembre 2023 |
Plomb métallique et composés,en Pb | 0,1(mg/m3) | x | novembre 2023 |
Mercure et composés bivalents du mercure | 0,02(mg/m3) | x | novembre 2023 |
Cadmium et ses composés inorganiques | 0,004(mg/m3)0,001 mg/m3 au 12/07/2027 | x | novembre 2023 |
Nickel (métal) | 1(mg/m3) | x | octobre 2022 |
Chrome (métal), composés de chrome inorganiques (II) et composés de chrome inorganiques (insolubles) | 2(mg/m3) | x | septembre 2022 |
Fumées de soudage (totalité des particules) | 5(mg/m3) | x | septembre 2022 |
VLEP-8h : Valeur destinée à protéger les travailleurs des effets à long terme, mesurée ou estimée sur la durée d’un poste de travail (8 heures).
VLEP CT : (valeur limite à court terme) valeur destinée à protéger les travailleurs des effets des pics d’exposition (durée de référence de 15 minutes).
Source : https://www.inrs.fr/publications/bdd/vlep/SubstanceVLEPAG.html?refINRS=VLEP_SUBSTANCE_14
L’importance d’identifier les polluants pour votre activité
La prévention des risques liés aux polluants de l’air passe avant tout par l’anticipation. Il est essentiel d’identifier les agents présents dans l’activité, évaluer les expositions et adapter les procédés pour réduire les émissions à la source. Ventilation efficace, confinement des machines, substitution de produits dangereux ou aménagement des postes de travail font partie des mesures prioritaires.
La formation interne et la sensibilisation des équipes jouent un rôle clé pour limiter l’erreur humaine. Connaître les bons gestes, comprendre les risques spécifiques à son poste et savoir réagir en cas d’incident sont autant de leviers pour réduire les accidents et expositions inutiles.
Lorsque ces solutions ne suffisent pas, le recours aux équipements de protection individuelle (EPI) devient indispensable : masques filtrants ou à adduction d’air, gants, combinaisons, lunettes ou protections cutanées selon les agents rencontrés. Chaque secteur a ses spécificités. Le soudeur n’utilisera pas les mêmes protections qu’un soignant ou qu’un agriculteur. Néanmoins, la logique reste la même : mettre en place toute la sécurité nécessaire pour protéger durablement la santé des travailleurs exposés.
L’importance du traitement de l’air pour limiter les maladies professionnelles
Identifier et mesurer les polluants présents dans son industrie
La première étape consiste à identifier les polluants présents dans votre environnement de travail. Chaque activité industrielle génère ses propres émissions spécifiques : gaz de combustion, poussières, solvants organiques, particules fines, vapeurs acides, etc. L’inventaire doit s’appuyer à la fois sur l’analyse des procédés utilisés, les fiches de données de sécurité des produits manipulés et l’observation des conditions réelles d’exposition des salariés.
Une fois les polluants potentiels recensés, il est indispensable de procéder à leur mesure dans l’air des postes de travail. Ces mesures peuvent être réalisées par une entreprise spécialisée (bureau de contrôle généralement). Les opérateurs sont équipés, pour une journée, d’une petite pompe aspirante avec deux points de prélèvement : un sur l’épaule, l’autre à la taille. A l’issue de la journée de prélèvement, les filtres contenus dans les pompes sont analysés en laboratoire et les résultats sont communiqués quelques jours plus tard.
Pour certains polluants (gaz par exemple), il est possible de doter l’installation de capteurs spécifiquement conçus pour une mesure en continu (affichage en temps réel, moyenne, courbe sur l’année, …). On utilise souvent cette technologie sur les gaz potentiellement explosifs (ATEX).
Les mesures doivent être effectuées de façon régulière, car les niveaux d’exposition peuvent varier selon la charge de production, les procédés utilisés ou l’efficacité des systèmes de ventilation. Cela permet non seulement de détecter d’éventuels dépassements des normes, mais aussi de mettre en place un suivi dans le temps pour mesurer l’efficacité des actions correctives et des systèmes de traitement de l’air mis en place.
Il est important de considérer la mesure des polluants comme un outil de gestion de la santé au travail et non uniquement comme une contrainte réglementaire. Une identification rigoureuse des sources de pollution et un suivi fiable des concentrations permet à votre entreprise de protéger la santé de vos salariés, réduire les coûts liés aux maladies professionnelles et améliorer la qualité de vos procédés.
Une solution : la captation à la source
Le captage à la source représente, et de loin, la meilleure solution pour protéger les opérateurs exposés à une pollution spécifique. En effet, le fait de capter et aspirer le polluant dès sa production permet d’éviter sa dispersion dans l’atelier, limitant ainsi le risque d’exposer d’autres collaborateurs aux poussières ou vapeurs.
De plus, le fait de capter au plus près permet de limiter le débit nécessaire, donc le coût de l’installation. Votre conseiller AWITECH se basera sur les principes de ventilations édités par l’INRS ainsi que sur son expérience pour concevoir et implanter le meilleur dispositif de captage (dosseret, capot circulaire, capot enveloppant, piquage, …)

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